1772 06 27 HANDWERK LLANO

27 giugno 1772.

Da Hans Georg Handwerk [Parma] a José Agustín de Llano y de la Cuadra [Parma].

L’Economo della Stamperia Reale recapita al ministro Llano una dettagliata relazione dei costi sostenuti per la pubblicazione del Cours de Condillac; lo informa inoltre sugli esemplari prelevati dai magazzini nei quali sarà ora trattenuta l’edizione sottoposta a cauzione.

Monsieur,

En conséquence des ordres que Votre Excellence m’a fait la grande de me donner, j’ai l’honneur de Lui envoyer ci-joint un état de compte détaillé de tous les fraix qui entrent dans l’impression de l’ouvrage de Monsieur l’Abbé de Condillac. Je l’ai fait avec toute l’exactitude, et ne crois pas avoir oublié la moindre des choses y relatives.

Suivant ce compte toutes les dépenses de cet ouvrage se montent à la somme de £ 134951 18 soldes monnoye de Parma, et en mettant l’exemplaire à £ 192 prix honnête pour le marchand, 702 exemplaires balanceront la somme des fraix en y ajoutant 167 lires 18 soldes pour solde de compte.

J’ignore sur quel pied on peut avoir calculé ci-devant cet ouvrage en ne se réservant que 500 exemplaires pour se dédommager des dépenses. Il est assez difficile de pouvoir faire un calcul bien juste avant l’impression d’un livre aussi étendu que celui de Monsieur de Condillac pour l’emploi duquel j’ai passé à 50 lires la rame du papier grand ducal, prix qui m’a été donné par le seigneur Ferrari, directeur du Magasin Reale des papiers, tandis que Monsieur le Marquis de Felino, en faisant son compte de cet ouvrage, ne l’aura mis que 40 lire a rame, ce qui seul fait déjà un objet de difference de 13720 lires.

Je n’ai aucune connoissance des arrangemens que Monsieur de Felino peut avoir pris avec l’auteur Monsieur de Condillac, et me trouve dans l’impuissance de ne pouvoir donner à Votre Excellence des éclaircissemens qu’Elle me demande à cet égard. Tout ce que j’en sais roule sur le bruit vâque que Monsieur l’Abbé de Condillac devoit avoir les ¾ de l’édition et ¼ rester au profit de l’Imprimerie Royale pour bonifier les déboursés.

Je vois avec bien de a peine que cet ouvrage, étant sujet à caution, ne laissera pas de donner des furieux embarras à Votre Excellence. J’en suis d’autant plus faché que d’ailleurs le livre étant très bon, nous serions venus à bout de le vendre bien vite et d’en voir rentrer l’argent déboursé. Mais puis qu’il en est autrement, je me conforme en tout aux ordres que Votre Excelence m’a donnés, en ne laissant sortir aucun exemplaire de toute l’édition. Je suis cepandant charmé de prévenir Votre Excellence que Monsieur de Condillac, en ayant un exemplaire qu’on lui a envoyé à mesure que les volumes ont été finis d’imprimer, Monsieur le Marquis de Felino en ayant un autre, ainsi que Monsieuer l’Abbé Millot, je ne pourrois pas répondre des événemens de ces exemplaires. Mais pour le reste je proteste en galanthomme et comme les devoirs de mon emploi l’exigent de n’en rien faire paroitre à moins que Votre Excellence ne me donne ses ordres pour cela.

Outre l’exemplaire qui se trouve entre les mains de Votre Excellence de cet ouvrage, je viens d’en donner un second exemplaire a Monsieur Bodoni, qu’il me dit être destiné pour vous. J’en ai pris note, et si dans la suite Votre Excellence pourroit en avoir besoin, je La suplierois de me donner ses ordres à moi en droiture, pour éviter les équivoques qui pourroient en resulter.

Je suis après à faire assembler le tout de cet ouvrage à fin que tout se trouve dans son ordre.

Je suis avec le plus profond respect,

Monsieur,

Parme, le 27 juin 1772.

Votre très humble et très obéissant serviteur, Jean George Handwerck.